Adrien Husson est ingénieur et designer. Au CRI, il a co-créé le Motion Lab en 2016 pour traiter les questions du mouvement dans les apprentissages, et le rôle que le numérique peut y jouer. En travaillant sur différents projets et objets (tels qu’Hitbox, sac de boxe interactif exposé à la Cité des Sciences en 2019), Adrien a pu conserver l’approche pluridisciplinaire qui lui est chère, tout en continuant d’apprendre au quotidien, et en développant sa propre curiosité.
Adrien a commencé à côtoyer le CRI en 2014 alors qu’il travaillait sur son projet de diplôme. L’idée était de tracer le geste d’un professeur par un rendu sonore en temps réel pour que l’élève puisse reproduire ce geste à son tour. À la suite de ces travaux et des discussions avec Kevin Lhoste, Adrien commence à travailler sur ce projet en collaboration avec le CRI (via l’OpenLab) et l’IRCAM en 2015. Un an plus tard, il co-crée avec Joël Chevrier le Motion Lab, un laboratoire qui aborde les questions des mouvements dans les apprentissages, en interrogeant les apports que le numérique peut avoir. Le Motion Lab – véritable entité en mouvement – permet de rassembler des ressources, de fédérer des acteurs de différents domaines (IRCAM, écoles d’ingénieurs généralistes, psychomotriciens, podologues, institutions du sport comme l’INSEP, digital track science du CRI…), et surtout de créer des projets autour de sujets assez larges tels que la santé, l’éducation, la scénographie, l’accessibilité… L’idée est de créer des passerelles, de vulgariser la manière d’utiliser les outils, d’expliquer par la pratique.
Le premier projet du Motion Lab concernait la santé : en partenariat avec le responsable du pôle orthopédie de l’hôpital Lariboisière à Paris, Adrien et ses collègues ont mis en place des capteurs pour mieux accompagner la rééducation des patients après une opération de prothèse de hanches ou de genoux. Ils ont questionné la manière de traiter et de se représenter les données collectées, avant de créer des prototypes de démonstration pour accompagner les patients. Dans le même esprit, Adrien travaille aujourd’hui avec une doctorante sur des sujets de psychomotricité, et notamment sur le développement d’un stylo instrumenté permettant d’analyser l’écriture. Certains projets (comme celui de la lampe RGB) touchent plus à la question du design, et questionnent comment, à partir de ressources très techniques (capteurs, algorithmes, cartes électroniques), il est possible de jouer sur la sensibilité que génère une expérience chez l’utilisateur, et comment ancrer ce qui peut être appris par le biais de cette expérience. Cette démarche passionne Adrien :
« On part de questions de recherche et on produit la technique et le design en faisant, et en ouvrant cela le plus possible ». Il explique que passer d’une idée large à un prototype de cette manière est unique, et propre au cadre que le CRI offre. « Cette approche, il n’y a qu’ici qu’on peut l’avoir. » Selon Adrien, le CRI sort non seulement de la logique pure de la recherche, mais aussi de celle de l’industrie, et des contraintes qui vont avec. L’ingénieur-designer ne regrette pas la place de chef de produit ingénieur qu’il aurait pu avoir dans une grande entreprise. « Cela m’aurait coupé de toute la curiosité que me permet la liberté du CRI ».
En travaillant au CRI, il apprend en continu (l’analyse de données, le machine learning, entre autres), dispose d’un espace très ouvert pour chercher et créer, et a même pu se replonger dans les maths, ce qu’il n’aurait pas pu faire dans un cadre industriel plus fermé. « Au CRI, on peut traiter les mêmes questions que dans les industries, avec les mêmes ressources, mais de manière non-conventionnelle. » Adrien, avec son profil hybride, se retrouve totalement dans ce cadre complexe et interdisciplinaire.
Son dernier projet, Hitbox, l’a fait revenir aux questions du geste et de l’éducation. Ce sac de boxe interactif a été exposé à la Cité des Sciences en 2019. Il peut avoir de multiples usages : inciter à l’activité physique, transmettre les gestes d’un coach à ses élèves, limiter l’appréhension du risque de blessures, ou encore tout simplement être exposé comme objet de design lors d’un événement ou d’une exposition. Son développement est disponible en open source, ce en quoi Adrien croit beaucoup. L’open source est à son sens un levier d’innovation dans l’éducation, qui permet une accessibilité beaucoup plus grande (territoriale, sociale etc.) Adrien, passionné par les questions du numérique, qu’il voit comme « une cathédrale fois 100 000 » est stimulé par le développement de ces projets. « Le numérique permet une capacité de stockage et de représentation de mille et une choses dans un espace multidimensionnel ». Les ressources sont infinies, et l’accès aux connaissances et aux apprentissages est vaste : « le CRI est un lieu très adapté pour adresser ce genre de questions ». Ces questions, et particulièrement celles en lien avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) touchant à l’accès à l’éducation pour tous, Adrien compte bien continuer à les explorer à mesure qu’il développe sa curiosité et son esprit critique par la pratique. Il a d’ailleurs déjà de nouveaux projets en tête pour et avec le CRI. »
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Un article de Marie OLLIVIER