[COMMUNAUTÉ] Daria Vilkova, étudiante, co-créatrice d’un lab et ingénieure pédagogique : élargir ses horizons, améliorer les apprentissages

Daria Vilkova est en Master 2 AIRE au Learning Planet Institute. Elle y étudie, y vit, et y travaille, pour son plus grand bonheur. Ici, Daria a trouvé une seconde famille et poursuit ses rêves avec passion : elle est aussi ingénieure pédagogique et a créé un laboratoire de recherche interdisciplinaire. Rencontre avec une étudiante comblée et déterminée.

Bonjour, je m’appelle Dasha et pour rien au monde je ne quitterais cet endroit.

Nous sommes dans les locaux du Learning Planet Institute, un soir de janvier, à la suite d’une journée de séminaire d’hiver des équipes. Daria – qui se fait appeler Dasha – vient de prononcer cette phrase, les yeux emplis de malice et le regard audacieux.

Dasha est arrivée au Learning Planet Institute il y a bientôt deux ans après avoir exploré de nombreux endroits malgré son jeune âge (elle a 25 ans). Étudiante en Master 2 AIRE (Approches Interdisciplinaires et Innovantes de la Recherche et de l’Enseignement) en sciences de l’apprentissage, elle est aussi ingénieure pédagogique sur les apprentissages en réalité augmentée et virtuelle, et co-directrice du LIXR (Laboratory for Interdisciplinary Research on Extended Reality). Programme de 2 ans d’Université Paris Cité, déployé au Learning Planet Institute, le Master AIRE s’adresse à des étudiant·e·s, futur·e·s chercheur·se·s et entrepreneur·se·s, désireux·se·s d’avoir une formation scientifique afin de les aider à développer des projets innovants et utiles au sein d’une communauté internationale de chercheur·se·s reconnu·e·s.

Photo de Daria Vilkova lors des rencontres entre clubs étudiants, une manière de repenser les acquis pédagogiques.
Learning Planet Institute © Quentin Chevrier

« Je vis ici, j’étudie ici, je travaille ici », dit fièrement celle qui loge aussi sur le campus, au cœur du Marais, à Paris. « C’est un long chemin, depuis mon enfance, qui m’a menée ici » sourit Dasha. Dès son plus jeune âge, elle s’intéresse à divers sujets et est avide de nouvelles perspectives, de rencontrer de nouvelles personnes, de laisser s’exprimer sa curiosité et d’étendre ses connaissances dans des sphères bien différentes. Originaire de Moscou en Russie, Dasha fait partie d’une chorale pendant 11 ans. « Nous faisions des voyages quatre fois par an pour nos concerts. Nous étions 200 et nous rendions dans d’autres pays. Notre professeure de chant est l’une des meilleures enseignantes que je n’ai jamais eue. » Et pour cause : la professeure adoptait déjà l’approche interdisciplinaire qui convenait tant à la jeune fille : elle enseignait la musique mais aussi la philosophie, la physique et les langues. « Elle était exigeante et nous challengeait tout le temps. Elle me poussait, même dans mon apprentissage des langues, alors que ça n’avait pas grand-chose à voir avec la chorale. »

Curieuse de tout, la petite Dasha apprend les langues naturellement : elle parle russe, anglais, espagnol, tchèque, et son français n’est pas en reste ! À l’Université pédagogique d’État de Moscou, elle choisit d’étudier les langues et les politiques de l’éducation. « Je souhaitais créer un pont entre les deux disciplines. Le monde change et nous devons adapter les méthodologies avec lesquelles les gens apprennent et enseignent. »

Au cours de son Bachelor, Dasha étudie dans quatre pays différents. À l’âge de 19 ans, elle va à Barcelone en Espagne, puis vit à Cracovie en Pologne (où elle étudie le polonais et l’italien). Après son retour à Moscou, elle réalise que l’aspect international lui manque, et elle repart donc en République Tchèque, tout en enseignant le russe aux étudiant·e·s tchèques. Vous suivez toujours ? C’est la fin du Bachelor. Dasha a 22 ans. 

Au moment de choisir son Master, elle effectue des recherches sur Internet et tombe un peu par hasard sur le Learning Planet Institute. « Et là, je me suis dit : « cet endroit, on dirait moi ». J’ai regardé de nombreuses vidéos. C’était tellement inspirant ! » Comme elle n’a pas de raison de rester en République Tchèque, Dasha décide de s’installer en France.  « Je n’avais pas d’amis à Paris mais je me suis dit « Pourquoi pas ? ». Et j’y suis allée. C’était une grande étape pour moi. »

En septembre 2021, la jeune femme commence donc son master en sciences de l’apprentissage (Master AIRE) où elle explore de nouvelles méthodes d’apprentissage et d’enseignement, dans une approche très orientée recherche. Une manière logique de continuer à explorer les apprentissages dans un cadre international et interdisciplinaire qui lui sied à merveille. « Le premier mois passe, puis le deuxième, puis le troisième et à chaque fois, tu es tellement surpris par la richesse et la diversité des personnes que tu rencontres ici… J’avais envie de participer à tous les projets ! » Sa première année de Master permet à Dasha de découvrir les technologies immersives, et de s’y familiariser.

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Learning Planet Institute – Daria Vilkova © Quentin Chevrier

Au printemps 2022, elle fait son stage au Learning Planet Institute avec Iryna Nikolayeva et Eric Cherel autour de la platefome Projects qui recense les projets de l’Institut et de ses partenaires. En avril, avec le début de la guerre en Ukraine, Dasha lance et co-organise avec Iryna Nikolayeva et d’autres “Hack for Peace” un hackathon pour la paix.

« Ça a bien fonctionné. Et tout cela m’a montré que je souhaitais me concentrer sur les technologies immersives (réalité virtuelle, intelligence artificielle) même si ça ne faisait pas du tout partie de mon parcours ou de mon champ d’études initial. »

Au Learning Planet Institute, on n’a pas d’obstacle. On apprend en faisant et on nous donne toute la confiance dont on a besoin pour essayer de nouvelles choses. C’est une vraie chance.

Dasha saisit la balle au bond. Son intérêt pour les technologies croissant, elles émettent l’idée, avec Esra Çaki, en doctorat à l’École Doctorale FIRE (formation hébergée au sein d’Université Paris Cité sur le campus du Learning Planet Institute et co-accréditée par l’Université Paris Sciences et Lettres), de créer un laboratoire. « On pensait que c’était complètement fou de faire ça mais au fur et à mesure, on s’est dit que c’était possible. » Esra écrit sa thèse sur la réalité virtuelle, Dasha est aussi intéressée par le sujet mais également par l’intelligence artificielle, et par la façon dont ces outils peuvent améliorer les apprentissages.

Nous nous sommes dit : « on a accès à tout ici : l’équipement technologique, l’espace pour créer et expérimenter des choses ! »

En avril 2022, Esra, Dasha et Valentin Corneloup, coordinateur pédagogique du Master, lancent le LIXR (Laboratory for Interdisciplinary Research on Extended Reality) au sein du Learning Planet Institute. « Notre idée, c’est d’appréhender la technologie comme un outil pour que tout le monde puisse s’en servir. Nous utilisons une approche interdisciplinaire pour mener nos recherches, et souhaitons que nos avancées servent à toutes et à tous. »

L’approche de Dasha et de l’équipe est basée sur les expériences de terrain : « Nous avons tout de suite eu de grands rêves et des idées géniales mais il faut partir de la base. En première année du Master AIRE en sciences du numérique,  j’aide les étudiant·e·s à se familiariser avec les technologies du lab, et ça commence par des choses très simples telles que mettre des écouteurs…», explique la jeune femme, de manière pragmatique. « Ce sera une approche similaire avec les enseignant·e·s.»

« Nous avons écrit un papier à partir de cette expérience. Nous devons le présenter à LA grande conférence internationale en juin au Canada, pour la International Society of the Learning Sciences (Société Internationale des Sciences de l’Apprentissage) », explique-t-elle avec fierté et enthousiasme. L’idée de ce papier, c’est de montrer comment notre expérience au sein du Lab peut être reproduite par le public et par d’autres chercheurs·euses du même domaine. 

« On s’est posé la question : comment faire en sorte que ce soit reproductible ? Ou encore : comment les institutions peuvent-elles être inspirées par le Learning Planet Institute et son système d’apprentissage si particulier ? », explique Dasha. 

L’étudiante est passionnée par ses recherches. Elle a passé tout l’été à apprendre à maîtriser ces technologies, qui sont relativement nouvelles pour elle. « J’ai adoré passer mon été ici, apprendre, me perfectionner. »

Et quand Dasha voulait faire une pause, elle changeait d’étage et allait aider des chercheurs·euses en biologie. « J’ai rencontré des gens, je leur ai donné un coup de main. Ils me montraient comment procéder, et je faisais évoluer les bactéries, j’extrayais un ADN, c’était incroyable », dit-elle dans un grand sourire, révélant le plaisir qu’elle a à apprendre de nouvelles choses, et sa reconnaissance d’évoluer dans un environnement qui lui correspond.

Cet endroit te donne des clés pour entrer dans de nouveaux champs, pour trouver des réponses. Puis tu travailles à fond ton sujet, tu vas voir d’autres choses qui te nourrissent, mais tu reviens toujours au sujet initial. C’est toi qui dois connaître tes limites et qui dois savoir jusqu’où tu peux aller pour trouver des réponses, la réponse. Parfois, il faut vraiment creuser le sujet à fond.

Et c’est ce que Dasha poursuit avec passion, puisqu’elle est en alternance au Learning Planet Institute depuis l’automne 2022. Le Lab en fait partie, elle a l’espace pour le faire grandir avec ses camarades. Elle travaille aussi en parallèle avec l’équipe Inclusion sous la direction de Johann Pons, responsable du programme Inclusion et de son mentor Omar Kamara, pour enrichir les programmes existants : elle développe notamment un jeu de chasse au trésor numérique pour apprendre les « soft skills » que l’équipe Inclusion souhaite valoriser. 

Après son Master 2, Dasha souhaite continuer en PhD dans son nouveau domaine de prédilection, en ajoutant à son champ de recherche l’intelligence artificielle. « Nous créerons une branche « intelligence artificielle » au Lab, pour explorer les manières dont nous pouvons nous adapter, utiliser l’AI, et ce que l’on peut apprendre et enseigner avec. », explique-t-elle, l’œil pétillant.

Inutile de demander à Dasha où elle se voit demain, dans cinq ou dix ans…

J’ai trouvé une nouvelle famille ici. Même si je suis étudiante, je suis écoutée, je suis entendue, je peux développer mes projets comme je le souhaite. Il y a tant d’intérêts à travailler ensemble et à partager nos idées ! Je suis vraiment reconnaissante d’être ici. Je m’appelle Dasha et pour rien au monde je ne quitterais cet endroit…


Un portrait de Marie OLLIVIER
Photo de couverture ©Daria VILKOVA


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