Le 28 mars 2023, le siège de l’UNESCO à Paris a accueilli plus de 200 membres de la Coalition Mondiale pour l’Éducation (Global Education Coalition (GEC)) pour son troisième anniversaire. La GEC mobilise diverses organisations, de divers secteurs, reconnues pour leur expérience, leur ressources et expertises variées, afin qu’elles œuvrent, ensemble, à une éducation de qualité pour toutes et tous. Le Learning Planet Institute a l’honneur d’être membre de cette coalition et a tenu à mettre la jeunesse au premier plan de cette journée exceptionnelle.
Rencontre avec Lara Assadourian, étudiante en master « Sciences de l’apprentissage » et Edward Stevenette, chef de projet éducation au Learning Planet Institute.
Quels étaient vos rôles et celui du Learning Planet Institute dans cette journée à l’UNESCO ?
Ed : L’UNESCO a lancé l’Alliance internationale avec le Learning Planet Institute en 2020, équipe dans laquelle je travaille en tant que Chef de projet éducation. Les équipes de l’UNESCO nous connaissaient déjà et voulaient que nous participions à cette réunion pour faire entendre la voix des jeunes, et pour rendre cette journée plus interactive.
Lara : Pour répondre au souhait de l’UNESCO d’impliquer davantage les jeunes générations, nous étions présents, avec sept étudiant·e·s du Learning Planet Institute, ainsi que d’ancien·ne·s élèves.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur ce qui s’est passé au cours de la journée, et sur les participant·e·s ?
Lara : Dans les participant·e·s, on retrouvait les équipes de l’UNESCO, des chef·fe·s d’entreprise, des représentant·e·s de ministères (comme le Ministre indonésien de l’Éducation), des fondations et de nombreux·se·s dirigeant·e·s de groupes de réflexion sur l’éducation.
Nous avons commencé la journée en organisant un icebreaker qui a permis aux participant·e·s d’entrer en contact les un·e·s avec les autres et de réfléchir au concept de « Learning Planetizen » (citoyen·ne apprenant de la planète). Ed a présenté le concept et l’Alliance internationale (cofondée par le Learning Planet Institute et l’UNESCO).
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait cet icebreaker ?
Lara : Nous avons créé six cartes autour du concept de « Planetizenship » (citoyenneté de la planète), grâce à l’intelligence artificielle. Chaque carte contenait une image spécifique accompagnée d’un texte tiré du Manifeste de la Planète Apprenante (Learning Planet Manifesto). Nous les avons invité·e·s à partager leurs idées autour du concept de l’idée de « Learning Planetizens ».
Lara : À la question « Qu’est-ce qu’un Learning Planetizen ? », nous avons reçu des réponses comme : « quelqu’un qui a de l’empathie », « qui partage », « qui lutte pour un avenir durable », ou « qui respecte la planète, qui aime les gens et la nature ». Quant à la question de savoir qui les inspire en tant que « Learning Planetizen », nous avons eu Malala Yousafzai, Greta Thunberg, Runa Khan ou le Costa Rica, pour n’en citer que quelques-un·e·s.
Ed : Et lorsqu’on leur a demandé comment chacun·e s’efforçaient d’être actif·ve dans leur apprentissage et celui des autres, certain·e·s ont répondu : « Je travaille dans l’éducation et j’aide les autres à développer leurs compétences », « Je m’engage dans une communauté d’apprentissage mondiale » ou « J’identifie des ‘visions’ et je vois des ‘solutions’ ».
Lara : Tout le monde a compris que ce genre de discussions ne devrait pas seulement se limiter à cette salle, mais qu’on devait les avoir avec les partenaires de toutes les communautés ! Le groupe s’est élargi au fil du temps : nous étions 80 à 90 personnes à la fin, la salle était presque pleine !
L’après-midi avait plutôt pour sujet la Coalition Mondiale pour l’Éducation ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Lara : L’après-midi était plus précisément consacrée aux projets de la Coalition Mondiale pour l’Éducation (GEC). Le premier volet portait sur la formation des enseignant·e·s, le deuxième sur les projets internationaux d’éducation à l’apprentissage et le troisième sur le lien entre l’éducation numérique et le genre. L’une des sessions principales était consacrée à l’ « écologisation » de l’éducation (« Greening Education »). Cette session se concentrait sur le « Partenariat pour une Éducation Verte » de l’UNESCO (Greening Education Partnership).
Ed : Ce qui a rendu l’événement encore plus passionnant, c’est la présence de jeunes membres de Fridays for Future qui étaient vraiment passionné·e·s et engagé·e·s. C’est formidable de voir la prochaine génération de dirigeant·e·s et d’activistes participer à ces discussions et à ces initiatives.
Qu’est-ce qu’on entend par « l’écologisation » de l’éducation (greening education) ? Et comment l’UNESCO est impliqué dans cette démarche ?
Ed : Le « Partenariat pour une Éducation Verte » (Greening Education Partnership dit GEP) de l’UNESCO vise à sensibiliser les élèves au changement climatique. Il s’articule autour de 4 piliers: 1) écologisation des écoles, 2) écologisation de l’apprentissage, 3) écologisation des capacités de réponse aux crises, et 4) écologisation des communautés.
Lors de cette journée, François Taddei, président du Learning Planet Institute, a participé aux discussions et présenté le programme Teachers for the Planet, mené conjointement par le Learning Planet Institute, la Fondation Aga Khan et Teach For All.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le programme Teachers for the Planet, co-dirigé par le Learning Planet Institute ?
Ed : Bien sûr. Teachers for the Planet est une coalition lancée en janvier 2023 qui vise à placer les enseignant·e·s et les responsables de l’éducation au cœur de la réponse éducative à la crise climatique. Notre but est de rassembler diverses initiatives du monde entier qui peuvent aider les enseignant·e·s à sensibiliser leurs élèves au changement climatique.
Notre principal objectif est de rendre opérationnels les quatre piliers du Greening Education Partnership d’ici à la COP 28. Cela signifie qu’il faut mobiliser une communauté mondiale de plus de 1000 professionnel·le·s du climat et de l’éducation, dans au moins dix pays, pour développer plus de 100 solutions concrètes pour les enseignant·e·s et les responsables de l’éducation. Au cours des prochains mois, nous allons construire cette communauté et lancer des actions d’éducation au climat.
Pouvez-vous nous faire part de votre ressenti sur la journée et des enseignements que vous en avez tirés ?
Lara : Les jeunes doivent être invité·e·s dans ce type d’événements majeurs. Ces jeunes sont à l’origine du changement dont nous avons besoin. C’était la première fois que je participais à un tel événement et j’ai, par exemple, eu la chance de parler à certain·e·s dirigeant·e·s. J’ai le sentiment que tout le monde porte cette même ambition : nous unir pour changer les choses !
Ed : C’était très gratifiant de contribuer de manière significative à cette journée, notamment en faisant entendre la voix des jeunes et en insufflant l’interactivité, l’imagination et la créativité au cours des discussions. Les participant·e·s et l’UNESCO ont été très enthousiastes – et nous aussi ! Nous ne pouvons donc qu’aller plus loin dans cette voie.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Ed : Nous ne sommes qu’aux prémices d’une interaction régulière entre différent·e·s acteur·rice·s publics et privés dans le domaine de l’éducation mais aussi – et c’est plus récent – avec les jeunes. L’idée est de faire de la pollinisation croisée, de construire des réseaux pour rassembler des idées et des solutions pratiques.
C’est d’ailleurs déjà en train de se produire car nombreux·se·s sont celles et ceux qui, comme nous, nourrissent cette initiative avec des projets sur le terrain. Il y a une forte symbiose, et nous devons désormais réfléchir à rendre notre travail plus opérationnel. Nous nous réjouissons de collaborer plus étroitement avec l’UNESCO et de participer à des moments interactifs, des conversations créatives, de nouveaux récits et de nouvelles histoires pour transformer l’éducation !
Lara : Les arts et les rêves ont aussi leur rôle à jouer dans cette conversation passionnante !
EN SAVOIR PLUS
👉 Rejoindre le programme Teachers for the Planet !
👉 En savoir plus sur la Coalition Mondiale de l’Éducation de l’UNESCO
👉 En savoir plus sur les partenariats UNESCO pour « L’écologisation de l’Éducation »
A PROPOS DE NOS INTERVENANT·E·S
Lara Assadourian termine actuellement le cursus du master AIRE « Learning Sciences » (sciences de l’apprentissage) au Learning Planet Institute. Grâce à ce programme, elle a découvert de nombreux projets et de nouveaux concepts, dont celui de « Planetizens », qui lui parle beaucoup. Elle a la conviction que nous sommes tous des Planetizens, citoyen·ne·s de la planète, et qu’en travaillant ensemble, nous pourrons vraiment donner à la Terre l’amour qu’elle mérite ! Aujourd’hui, elle travaille sur un projet sous forme de musée virtuel, où elle essaie d’encourager chacun·e en tant à créer des formes d’art.
Edward Stevenette est responsable du développement de plusieurs des « Learning Planet Circles » (cercles de la Planète apprenante) au Learning Planet Institute. Ces cercles rassemblent des membres ayant la même appréhension de divers sujets pour qu’ils puissent collaborer et avoir ensemble un plus grand impact. Parmi les cercles lancés, citons le « Youth Empowerment Circle », qui accompagne environ 200 jeunes lauréats, ou encore « Transitions in Higher Education » et « Imagination in the Classroom ». Il s’agit d’espaces dédiés à la construction d’une planète apprenante qui soutiennent l’évolution de jeunes acteur·rice·s engagé·e·s dans l’éducation pour mettre en place des projets collaboratifs. Les « Learning Planet Circles » font partie de l’Alliance internationale – une communauté d’individus et d’institutions qui apprennent à prendre soin d’eux-mêmes, des autres et de la planète. Cette alliance a été lancée par le Learning Planet Institute et l’UNESCO en 2020.
Cette publication s’inscrit dans le cadre de la Chaire UNESCO « Sciences de l’apprendre», établie entre l’UNESCO et Université Paris Cité, en partenariat avec le Learning Planet Institute. Les idées et opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs. Elles ne représentent pas nécessairement les vues de l’UNESCO et n’engagent en rien l’Organisation.
Propos recueillis par Marie Ollivier.
Merci à Lara et Edward d’avoir répondu à nos questions !